Rencontre avec des élèves de 1re année par Lydia Alder
Un matin de mai, invitée dans la classe de ma fille, j’ai constaté à quel point les élèves de 1re année sont de bons lecteurs. Tous. Sans exception. Francophones et allophones.
Il y a quelques mois, ces enfants ne savaient pas lire. Quelques-uns savaient décoder, d’autres connaissaient bien les lettres et certains parlaient à peine le français; aujourd’hui, ils lisent. Ils lisent des livres, des magazines, le journal, des recettes de cuisine, les instructions d’un jeu, les affiches publicitaires sur le bord de l’autoroute, ils lisent aussi sur la tablette électronique de leurs grands frères ou grandes sœurs ou sur le iPhone de leurs parents. Bref, ils lisent partout. Et ils aiment ça.
J’ai voulu en savoir plus sur l’apprentissage de la lecture; les enfants ont joyeusement collaboré à cette entrevue.
Qui aime lire dans cette classe ?
Je vois de petites mains se lever une après l’autre, le plus haut possible avec beaucoup de fierté. Toutes les petites mains, sauf deux. Un garçon qui n’aime pas lire. Il préfère jouer. Une fillette à l’air coquin qui annonce fièrement qu’elle n’aime pas lire, à la plus grande surprise de l’enseignante, car il s’agit d’une de ses plus grandes lectrices!
Pourquoi aimes-tu lire ?
À 6 et 7 ans, on aime lire parce que « ça me donne beaucoup d’idées », « c’est merveilleux, ça me donne de l’imagination » ou encore parce que « lire, c’est bon pour la mémoire » ou « je peux lire des histoires à ma petite sœur ».
Est-ce que lire, c’est facile ou difficile ?
Mes jeunes interlocuteurs m’affirment que lire, c’est facile. Tant mieux! En creusant un peu, j’apprends tout de même qu’au début, c’était difficile, surtout les longs mots ou les mots inconnus.
Quand tu as de la difficulté à lire, que fais-tu ?
« Je découpe les mots en syllabes », « j’essaie de décoder », « je reconnais l’image » ou « je demande de l’aide pour les mots difficiles » sont des réponses fréquentes. Les enfants m’expliquent qu’on peut lire à deux. Par exemple, un bon lecteur lit une phrase et l’enfant en difficulté lit ensuite la même phrase, puis un paragraphe, puis éventuellement une page au complet à tour de rôle. Devant un mot difficile, l’enfant peut aussi remplacer le mot par un mot similaire. L’enseignante souligne l’importance de varier les lectures tout comme les stratégies, et de lire à son rythme. Lire, c’est extraordinaire lorsque la technique s’améliore.
Qui utilise une tablette électronique pour lire ?
Je suis surprise du nombre de mains qui se lèvent, et des yeux piteux de ma grande fille! Plusieurs enfants de 1re année ont accès à des tablettes électroniques et savent probablement mieux les utiliser que moi! Ils lisent des romans pour enfants en format électronique. Un garçon me dit même qu’il note ses rendez-vous importants sur son iPad. C’est beau la technologie! D’ailleurs, depuis cette journée passée dans la classe de ma fille, je lui permets maintenant de lire sur mon ordinateur et même d’y écrire ses mots étiquettes.
Je remercie cette enseignante extraordinaire qui, comme plusieurs enseignants, a su non seulement communiquer son amour de la lecture aux enfants, mais aussi adapter le niveau de lecture à chaque enfant. Les élèves ne progressent pas tous au même rythme ni de la même façon. J’admire l’implication et la passion des enseignants qui font toute la différence dans l’apprentissage scolaire de nos enfants.