Par Isabelle Legris, maman de Frédérique 14 ans et Sofia 4 ans

La plupart des femmes qui retournent au travail après leur congé de maternité l’affirment : concilier métro, boulot et bébé relève de tous les exploits!

Lorsque j’ai eu ma première fille, je travaillais au Casino de Montréal. Je mettais à profit mes études universitaires en administration et je terminais un bac en enseignement, déjà que concilier travail-études n’était pas toujours ciel bleu…

Je regardais mon amour de fille et je ne pouvais m’imaginer la laisser en garderie, vers l’âge de 9 mois (nombre de mois de congé de maternité auquel j’avais droit à cette époque). Pour moi, c’était inconcevable!

Mon instinct maternel prit le dessus! Mon conjoint et moi avons alors décidé de remettre certains projets à plus tard et d’offrir à notre belle et à moi-même du temps de qualité. J’ai donc pris donc un congé sans solde de 2 ans… avantage social offert par mon employeur. Ce fut ma première étape pour concilier, si on veut, travail-famille. À plus tard projet de voyage, resto, mode dernier cri… Welcome budget budgétisé! En cours de route, j’ai eu l’idée de mettre à profit mes études en enseignement en offrant du tutorat dans mon quartier pour les enfants du primaire après l’école, accompagnée de ma fille de 20 mois, bien sûr! Mes services ont été très rapidement connus et fort appréciés; et moi-même j’étais satisfaite d’être avec ma puce et de gagner un petit revenu qui complétait mon budget budgétisé…

Plus le temps défilait, moins je ne pouvais me résigner à me séparer de ma fille et de ne pas la voir grandir quotidiennement : dire ses premiers mots, ne pas pouvoir la consoler, la voir courir le matin, et surtout, à l’époque, trouver LA garderie… J’angoissais!

La fin du sans solde approchait; je devais retourner travailler ou démissionner... alors j’ai dit : « bye, bye boss »; bye bye avantages sociaux, bye bye permanence, sans pour autant cesser d’angoisser. Mais pas pour les mêmes raisons!

Je pense très sincèrement qu’en tant que femme et mère, il faut avoir le côté maternel plus fort que son égo pour arriver à avoir la motivation de réorganiser travail et famille et laisser tomber certaines de nos ambitions professionnelles… car concilier travail-famille demande de réajuster le tout! Je crois que pour les parents qui désirent être pleinement auprès de leurs enfants, conciliation travail-famille finit par rimer avec travail autonome et création d’emploi!

En effet, même si on en parle beaucoup, très peu d’employeurs ont mis sur pied des projets pour améliorer la conciliation travail-famille. On ne se le cachera pas, l’employeur sera davantage intéressé à investir dans des projets de conciliation travail-famille en autant que la productivité des employés n’en soit pas affectée! Réalité et non mythe! Arrivent les garderies en milieu de travail! Mais ça n’augmente pas le temps passé avec nos enfants, le temps passé à les éduquer!

Pour ma part, je suis devenue travailleuse autonome et j’ai fait preuve de créativité. J’ai surtout su saisir l’opportunité! Le gouvernement avait annoncé dans sa réforme que le programme d’anglais offert dans les écoles débuterait dès la maternelle; du même coup, il annonçait clairement sa position face à l’importance de l’apprentissage de l’anglais comme 2e langue. J’ai donc eu l’idée de jumeler un service de garde en milieu familial offrant des activités ludiques en apprentissage de l’anglais! J’ai d’abord sondé les parents avec qui je faisais du tutorat pour connaître leur opinion sur mon idée. Les commentaires furent excellents et très positifs! Mon idée a fait du chemin. J’offre ce service depuis 14 ans déjà!

Évidemment, le travail autonome entraîne ses hauts et ses bas, mais aussi de la liberté d’horaire et de la flexibilité! Et c’est ce qu’il faut pour réussir à concilier travail-famille!

Je ne regrette en rien mon choix! J’ai pleinement profité de mes filles, de leur enfance, de leur sourire, de les voir en pyjama le matin, de leur petit nez qui coule, de leurs niaiseries… Finalement, j’ai pris plaisir à les voir profiter de LEUR PETITE ENFANCE! Et le fait qu’elles étaient toujours avec moi, elles ont profité d’une maman présente et ont été témoins d’une maman épanouie au travail!