Par Johanne April, professeure à l’Université du Québec en Outaouais et Hélène Larouche, professeure à l’Université de Sherbrooke

 

Conférencières lors de la Rencontre des PointsDeVue de FamillePointQuébec le 18 février dernier, intitulée : rupture ou continuité : comment nos enfants vivent-ils les transitions au préscolaire, les auteures font un retour sur l’importance d’une première transition. Visionnez les vidéoconférences sur www.famillepointquebec.com.

 

Les bienfaits et les incidences d’une transition planifiée et concertée pour accueillir les élèves qui entrent à l’école maternelle sont dorénavant reconnus. Plusieurs auteurs se sont intéressés à l’importance des transitions et démontrent d’une part, sur le plan socio-affectif, que les premiers sentiments et attitudes de l’élève vécus lors de la première transition tendent à se perpétuer1 et que la relation établie entre l’enseignant et l’élève dans les premières années a des conséquences à long terme sur l’adaptation sociale, émotionnelle et comportementale de l’enfant2.

De plus, il semblerait qu’après les premières années de scolarisation, les résultats demeurent particulièrement stables et que l’élève bâtit rapidement sa façon d’être et sa disposition envers l’école. Ceci est d’autant plus crucial pour les élèves qui éprouvent des difficultés. Les premières expériences scolaires négatives dès le préscolaire orienteraient dangereusement la disposition de l’enfant envers l’école et risqueraient de perturber sa trajectoire scolaire3. Ceux-ci seraient également plus vulnérables au décrochage scolaire4 et plus à risque de présenter des difficultés à long terme5. Toutefois, entre la volonté et, voire même l’obligation (cf. programme) de mettre en place des conditions qui favorisent cette première transition vers l’école, comment créer ce pont entre les familles (l’éducation familiale) et l’école (l’éducation scolaire) ?

Le passage de l’éducation familiale à l’éducation scolaire est primordial et joue un rôle déterminant sur le développement de l’enfant et sur sa réussite sociale et scolaire. Ainsi, ce virage vers les familles implique un type de collaboration qui va au-delà d’échanges, de partage d’informations entre les acteurs scolaires. Cela implique la reconnaissance réciproque des compétences de tous les acteurs qui gravitent autour de l’enfant, la mise en place de contextes favorables aux échanges et la promotion de la diversité des personnes et de leur contexte6. Établir des ponts avec les familles veut dire coconstruire ensemble les connaissances, confronter des idées, négocier, s’influencer mutuellement7. Sommes-nous prêts à collaborer dans ce sens, au-delà de dimensions
prescriptive et organisationnelle ? Sommes-nous prêts à soutenir les enseignantes qui adoptent cette forme de collaboration ?  

 

1 Ladd, Buhs et Seid, 2000; Pianta et Kraft-Sayre, 1999
2 Driscoll, Wang et Mashburn 2011; Justice, Cottone, Mashburn et Pianta et Stuhlman, 2004
3 Rosenkoetter, Hains et Dogaru, 2007
4 Potvin, Audet et Bilodeau, 2013
5 Jacques et Deslandes, 2002
6 Sinclair et Naud, 2005
7 Desgagné, Bednarz, Couture, Poirier et Lebuis, 2001