Rencontre avec Sophie Lamoureux, conseillère pédagogique CPE Enfants Soleil, par Lydia Alder

Selon l’enquête sur la maturité scolaire de 2008, entre 35 et 40 % des enfants montréalais de la maternelle étaient vulnérables dans au moins un des domaines de leur développement. La sousstimulation est un facteur de risque, alors que la fréquentation d’un service de garde de qualité est un facteur de protection, de même que l’implication des parents dans la vie de leur enfant.

Les retards et les troubles d’apprentissage peuvent entraîner des échecs scolaires parfois irrémédiables. Pourtant, une telle situation peut être évitée ou grandement améliorée si les difficultés sont identifiées et prises en charge dès le préscolaire.


Quelle est la différence entre un trouble et un retard d’apprentissage ?


Il y a une grande distinction entre un retard et un trouble d’apprentissage.

Un retard est un décalage du développement par rapport à la norme fi xée par l’âge. Elle est souvent en lien avec une cause environnementale. Le trouble est identifié suite aux performances de l’enfant à des tests standardisés. Le trouble renvoi à la notion de désorganisation de la façon dont l’enfant acquiert ses compétences.


Comment détectez-vous une vulnérabilité ou un retard d’apprentissage ?

Les éducatrices sont des spécialistes de la petite enfance et connaissent bien le développement des enfants. La base de tout dépistage réside dans l’observation. Différents outils sont disponibles pour nous permettre d’avoir un rappel des principales acquisitions qu’un enfant doit faire. Les utiliser adéquatement et de façon systématique nous permet de dresser un portrait de l’enfant.


Quels sont les signes, les drapeaux rouges ?

Le signal n’est pas une question d’âge, mais l’enfant doit être dans sa zone proximale de développement. On regarde les facteurs environnementaux, ce qui se passe dans la famille : un nouveau bébé, un divorce ? S’il y a lieu, on fait une observation plus pointue. Si l’éducatrice a une petite inquiétude, elle en discute avec le parent afi n de savoir s’il observe la même chose à la maison. En faisant des activités un peu plus poussées avec l’enfant, l’éducatrice peut arriver à des résultats sans ressources extérieures si la difficulté est mineure (par exemple, le résultat d’une sous-stimulation.) Si ce petit bémol n’avait pas été remarqué à la garderie, l’enfant serait arrivé à la maternelle avec ce petit traînage de pattes qui aurait pu le suivre tout au long de son parcours scolaire.


À quel âge peut-on observer des retards ou des difficultés d’apprentissage ?

Chaque âge a des compétences à acquérir. Si certaines d’entres elles sont absentes, il ne faut pas s’alarmer, mais
rester vigilent.


Quels sont les avantages d’une détection dès le préscolaire ?

L’avantage majeur est l’accessibilité aux services le plus rapidement possible. Les listes d’attente sont longues – souvent entre 12 et 18 mois. Un dépistage précoce permet une prise en charge avant l’entrée à l’école. À la garderie, nous ne sommes pas dans la performance; il y a une souplesse et l’apprentissage se passe par le jeu. On peut aussi éviter de mettre un enfant en situation d’échec. Par exemple, un enfant souffrant d’un retard de langage et qui est suivi par un orthophoniste pendant la petite enfance aura la chance d’arriver avec un suivi déjà en cours, ce qui permettra de l’intégrer dans une classe qui répond à ses besoins.

Il faut démystifier ce que signifie « le développement de l’enfant ». L’enfant a besoin d’acquérir des compétences. Ce qui est important est aussi de ne pas le pousser à surperformer. Chaque chose vient en son temps et est le résultat d’une maturation psychologique et physique. Le savoir-être de l’enfant est tout aussi important que son savoir-faire.