Par Marie-Eve Brunet, conseillère municipale, Verdun, maman d’Antoine 4 ans et demi et d’Éloïse 2 ans
 

Enfant, j’adorais faire l’épicerie avec ma mère. Non pas que j’avais des talents culinaires, mais j’avais créé un jeu, un concours hebdomadaire qui consistait à faire sourire le plus grand nombre de personnes sur mon passage. Certains jours, c’était plus de 25 hommes et femmes qui répondaient à mon sourire, mon bonjour ou mon aide à prendre un article sur une étagère. J’espérais faire une différence dans la journée de ces gens, le temps d’un regard. J’ai longtemps joué à ce jeu. En fait, il m’arrive encore d’y jouer.

Si la vie nous donne de nombreuses leçons, celle qui trace ma route est certainement celle-ci : les petites joies attirent le bonheur et nous devons être vigilants pour les cueillir. Cela veut dire que si vous voulez être heureux, vous devez prendre chaque plaisir que vous offre la vie et le transformer en énergie positive pour changer ou améliorer ce qui est négatif. Je ne parle pas ici de voir du beau dans les drames et laideurs de la terre, ça je n’y arrive pas. Je parle de voir et sentir l’arbre en fleur même après une mauvaise nouvelle. Je parle de partager le rire d’un enfant qui s’amuse malgré une journée personnellement éprouvante. Changer l’angle avec lequel nous regardons le monde qui nous entoure est un défi en soit.

Je me souviens de cette année particulièrement difficile sur plusieurs plans : manque d’argent, nouvelle direction avec qui je ne m’entendais pas au boulot, enjeu de santé, décès d’un proche, très bon ami ayant un cancer… Et il y a eu cette journée, celle où nous ne trouvions pas d’appartement abordable et qu’il ne restait que quelques semaines avant le 1er juillet. En marchant avec mon conjoint, il y eu ce vieil homme qui chantait à pleins poumons « What a wonderful world ». Il souriait aux passants, les bras ouverts et se dandinait la tête. Il était heureux et cela nous fit, en effet, sourire. Je ne sais pas s’il était fou ou sage. Un ange terrestre peut-être. Bref, sa joie nous donna la force de nous remettre en action. Une nouvelle énergie, positive, prit la place de l’anxiété, de la peur et de la déprime. Cette énergie s’est transformée en action concrète. Il y avait longtemps que j’attendais le bonheur. J’avais simplement oublié que je devais participer à sa création. 

J’ai alors pris mon courage à deux mains et j’ai changé d’emploi. Ce changement a grandement amélioré mon état de santé. De plus, ce nouveau poste était dans un autre quartier de Montréal, ce qui nous amena à trouver un logement, en dehors de la zone habituelle et qui répondait à nos espérances. J’ai commencé à porter attention à ces détails qui rendent la vie meilleure. Un arc-en-ciel, le ronronnement d’un chat, un bon film partagé avec mon amoureux. Puis, j’ai commencé à me remémorer de beaux souvenirs de celui qui nous avait quitté, et j’ai trouvé la force d’accompagner mon ami lors de tout le processus et l’opération qui oui, l’a finalement guéri de son cancer.

J’ai eu et j’aurai d’autres moments difficiles. Aujourd’hui, maman de deux jeunes enfants, j’ai la chance de pouvoir m’émerveiller quotidiennement avec eux. C’est qu’ils sont doués pour trouver les perles de bonheur. Tout comme la petite fille que j’étais, ils veulent nous faire sourire, ils veulent apporter la joie. Nous pouvons faire comme eux. Pour changer le monde, notre monde, il faut de l’énergie et il est primordial qu’elle soit positive. Mon bonheur n’est pas uniquement attaché à celui des autres, mais oui, quand ceux que j’aime sont pleins de joie, il m’est difficile de
ruminer du noir. Alors qui ferez-vous sourire aujourd’hui ?