Par Vanessa Léveillé et Stéphanie Limoges, étudiantes au doctorat en psychologie (D.Psy), Université de Montréal

 

LTout être humain est un être social cherchant à former et à maintenir des contacts positifs avec autrui afin de se réaliser et de trouver un sens à sa vie. Par conséquent, les individus qui éprouvent une difficulté à y parvenir sont plus vulnérables à ressentir des émotions douloureuses telles que la colère, la dépression, l’anxiété ainsi que la solitude. Cette dernière est vécue lorsqu’une personne perçoit des lacunes dans son réseau de soutien. Selon la littérature scientifique, les aînés et les adolescents sont les deux populations les plus à risque de vivre de la solitude et de ressentir ses effets délétères. En effet, celle-ci a des impacts variés et non négligeables sur la santé psychologique. Par exemple, la solitude peut mener à de l’anxiété, à de la dépression, à une faible satisfaction de vie ainsi qu’à des comportements autodestructeurs, notamment les pensées et les agissements suicidaires. Ainsi, puisque ces deux groupes d’âge vivent de la solitude, il est intéressant de se questionner sur des stratégies durables pour permettre à ces générations de créer des relations significatives. Les jeunes et les personnes âgées apprécient le contact avec l’autre génération et présentent des atomes crochus. Certes, les adolescents perçoivent l’aîné comme un individu non autoritaire, lui apportant une présence compréhensive et bienveillante. Quant aux aînés, ils apprécient la confiance et la collaboration pouvant être établies avec les jeunes. Toutefois, la structure familiale de nos sociétés contemporaines ne facilite plus autant le rapprochement de ces populations. À ce sujet, les activités intergénérationnelles sont une avenue prometteuse…

Mais en quoi consistent les activités intergénérationnelles ?

Celles-ci impliquent le rapprochement des générations distinctes par un partage de connaissances, d’expériences et de savoirs. Il existe une panoplie d’activités intergénérationnelles telles qu’artistiques, musicales, sportives… et même technologiques! Par ailleurs, la technologie ne cesse de fasciner les aînés qui sont de plus en plus nombreux à l’utiliser. De surcroît, les adolescents détiennent une expertise dans ce domaine. Pourquoi ne pas utiliser leurs connaissances pour favoriser le rapprochement intergénérationnel ? Non seulement ces activités permettent de rapprocher les individus, en plus elles sont sources de nombreux bienfaits psychologiques. Les activités intergénérationnelles ne cessent de susciter la curiosité de la population et du milieu scientifique. Cependant, jusqu’à présent, peu d’études ont évalué la mise en place de projets intergénérationnels basés sur la technologie auprès des aînés et des adolescents, ainsi que ces impacts sur le bien-être. À cet effet, le Laboratoire d’Étude sur l’Anxiété et la Dépression gÉRiatrique (LEADER; www.laboleader.ca) a mis sur pied une étude pilote répondant à ces besoins.

Un projet pilote pour rapprocher les générations

Le projet consistait à familiariser l’aîné à la tablette électronique avec le soutien de l’adolescent durant sept semaines, à raison d’une heure par semaine. L’étude avait pour but de permettre de relever les défis et d’identifier les aspects positifs et facilitateurs du projet. Tout d’abord, plusieurs difficultés ont été éprouvées, notamment au niveau du recrutement des participants, de l’horaire des rencontres, de l’engagement exigé par le projet. Néanmoins, il en est ressorti que l’activité intergénérationnelle a pu être réalisée et a été appréciée par les participants. En effet, les échanges intergénérationnels ont plu aux participants, qui les ont perçus comme positifs et enrichissants. De surcroît, les individus ont rapporté une contribution du projet à leur état de bien-être, ce qui semble être un résultat prometteur. Au long cours, le programme intergénérationnel sera réalisé à plus large échelle selon les conclusions tirées de ce projet pilote. Dans une optique future, un tel programme pourrait avoir des impacts considérables pour la communauté montréalaise. L’implantation de programmes intergénérationnels au sein de différents milieux permettra possiblement de diminuer la solitude et d’améliorer considérablement le bien-être des générations participantes.