Par Mariane Sawan, auteure, coach et stratège web, Ph.D. Science technologie et société

 

Souvenez-vous du slogan du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) québécois « L’école, j’y tiens! »? Hier, je parcourais les nouvelles publications en Éducation lorsque soudain, je me souvins des soucis d’une amie : cette mère a tout fait pour préparer un avenir d’élite pour ses enfants, pourtant, sa fille ne veut plus poursuivre ses études au Cégep, elle veut apprendre à « bien danser » et… « travailler chez McDo ». Elle « en a marre de l’école »! Aucun intérêt, aucune motivation, aucune manière de la convaincre!

Bien que ces dizaines de slogans mettent clairement de l’avant le désir gouvernemental d’augmenter le taux de diplômation chez les élèves et malgré les efforts déployés en ce sens, le problème de décrochage scolaire persiste encore. Depuis plusieurs années, maintes études ont été menées et ont permis d’identifier des facteurs personnels, familiaux et scolaires augmentant le risque d’abandon et il va sans dire que le milieu familial et le climat de classe contribuent ensemble à l’adaptation positive de l’élève. Malheureusement, dans un monde hyperactif technologiquement, multitâches et mal organisé, nos enfants et ados sont davantage affrontés à de nouveaux risques de démotivation directs ou indirects, et nous, parents et éducateurs(trices) devrons continuer à creuser et improviser des solutions, qu’il y ait des slogans, des études scientifiques, des statistiques bien dressées, ou pas!

Pourquoi?
Plusieurs obstacles peuvent freiner la réussite scolaire et mener à une démotivation totale. Dans le quotidien, les risques sont de nature collective ou individuelle. (1) Ils proviennent de la société et de la famille : habitudes et mentalités transmises, immigration, difficultés financières, instabilité familiale, événements précis, etc.; (2) ou individuels : problème de santé physique ou mentale, instabilité affective, mauvaise intégration ou adaptation, manque de sentiment d’appartenance, manque d’intérêt, hyperactivité technologique, mauvaise gestion du temps, etc.

Quand?
En général, les périodes de transition sont les plus dures à traverser, similaires à l’adolescence notamment, elles peuvent constituer un pont brisé entre le passé et un futur que l’on espère certain et stable. Il est alors impératif de mener une communication de qualité entre les parents, l’enfant et les éducateurs, car l’encadrement ressenti jouera un rôle primordial dans la recherche d’une position d’équilibre qui aidera l’élève à bien traverser ces « ponts de la vie ».

Comment?
(1) bien ouvrir les yeux et capter les moindres signes de désintérêt, récapituler les faits et les symptômes, ces derniers peuvent avoir traîné pendant des mois et des années, (2) cerner les causes du découragement et de la démotivation (chagrin d’amour? Intimidation? Obésité?) (3) communiquer clairement avec son enfant et avec ses éducateurs, selon le cas, une assistance professionnelle peut s’avérer nécessaire pour convaincre l’enfant de la nécessité de poursuivre ses études, (4) s’impliquer physiquement, mais en ligne aussi (leurs comptes sur les réseaux sociaux étant leurs meilleurs miroirs!) (5) aider dans les devoirs et les projets d’école, co-organiser leurs études et bien préparer leurs périodes d’examen et participer aux activités scolaires, (6) se forcer de manifester un intérêt particulier envers leurs propres intérêts (« wow qu’elle est belle ta photo sur Instagram! »), (7) encourager exagérément la moindre réussite, une « excellente » note, un « magnifique » projet artistique, (8) éliminer toute source de distraction, (9) surveiller leurs (hyper)activités web: minimiser les durées de connexion Internet, sans oublier de (10) les sensibiliser aux risques du web et de s’assurer que leurs amis en ligne sont « bons » à fréquenter.

Finalement, inciter l’enfant dans ce qu’on ressent être son point fort s’avère pour moi la meilleure expression d’amour et de soutien, même s’il n’a rien à voir avec son curriculum scolaire! Un être humain est un mélange complexe et incompréhensible de désirs, d’intérêts, de compétences multidisciplinaires… et de joies nécessaires! Que vous le croyiez ou non, les génies de l’Histoire n’ont pas été des as de classe, à plus forte raison nos enfants : chacun est un as dans un certain domaine! Partager un simple hobby, magasiner, cuisiner, bricoler ensemble ou faire une course dehors énergiseront notre enfant, nous feront découvrir ses talents et ses forces secrètes tout en lui faisant oublier le stress de l’école, il l’affrontera ensuite avec plus de motivation! Écoutons nos instincts! Et fonçons! Il n’y a rien de plus excitant!