Par Thierry Giasson, Groupe de recherche en communication politique, Université Laval
Extrait de la présentation faite à la Rencontre nationale de la FQOCF, Québec, le 6 novembre 2019

 

Il n’y a pas de démocratie sans communication. Pour que les démocraties libérales de représentation fonctionnent, elles doivent assurer la libre circulation de l’information et une communication ouverte entre les élites et le citoyen. La communication est une condition du fonctionnement de la démocratie et assure sa vitalité. 

 

Le rôle de la communication est donc essentiel en démocratie. Elle permet au citoyen d’effectuer des choix éclairés lorsqu’il délègue son autorité à l’élu de sa circonscription. Par la suite, elle lui permet de suivre l’activité de l’élu afin d’en évaluer la valeur et de prendre, lors des élections suivantes, une décision éclairée.

 

À ce titre, la vie politique, comme la vie sociale, est médiatisée. Certains diront même hypermédiatisée. Notre expérience de la vie politique se fonde sur ce que les médias nous en présentent. Le monde politique s’adapte alors aux logiques des médias qui imposent :

  • une information synthétisée, (sur)simplifiée; 
  • une accélération ou une réduction du temps d’action ou de réaction (instantanéité);
  • la mise en récit ou en histoire des événements;
  • un accent sur la personnalisation (témoins, victimes, acteurs) et les émotions. 

 

Les acteurs de la communication politique doivent répondre à ces logiques. Sinon, ils n’accèdent pas aux médias et, conséquemment, ils disparaissent de l’expérience commune. La visibilité médiatique valide souvent l’existence, l’importance et… l’influence des acteurs sociaux. 

 

On définit simplement la communication politique comme le rôle que joue la communication dans le processus politique. Elle comprend donc l’ensemble des relations de communication qu’entretiennent les trois grands acteurs de la dynamique politique : les acteurs politiques, les médias et les citoyens. 

 

La communication politique est aussi présentée comme l’ultime manifestation de la communication publique parce qu’elle : 

  • est ancrée dans la persuasion : elle sert à convaincre un récepteur de changer de point de vue, d’adopter une opinion, d’avoir un comportement précis; 
  • a des effets intentionnels qui sont souhaités par l’émetteur de la communication politique; 
  • cible des auditoires spécifiquement; 
  • s’exprime essentiellement dans la sphère publique (publicités, débats, téléjournaux, discours, assemblées, sondages, Web…). 

 

C’est également une communication de masse qui comprend les caractéristiques suivantes :

  • Elle est médiatisée : Il y a peu de contact physique direct entre les acteurs de la communication habituellement véhiculée par un intermédiaire médiatique; 
  • Elle est unidirectionnelle : C’est une communication pensée à sens unique, allant de l’émetteur au récepteur sans réponse ou rétroaction au message nécessairement souhaitée par l’émetteur; 
  • Elle est collective : Elle s’adresse à, et est reçue par, une collectivité, un auditoire large; 
  • Elle est simultanée : Le même message est offert et partagé en même temps par tous les récepteurs. 

 

Toutefois, certaines transformations sociales et technologiques remettent en cause ces critères. Il est donc pertinent à titre de citoyen ou d’organisme de communiquer au sein de la démocratie. Voici quelques conseils avisés :

 

Réfléchir pour mieux agir : La communication persuasive et la représentation des intérêts sont liées à des objectifs précis et prédéterminés. Il faut prendre le temps de bien les déterminer. Pourquoi veut-on communiquer?

 

Développer sa stratégie : Il faut établir un plan global d’action visant l’atteinte d’objectifs précis et dont l’efficacité est mesurable. À qui veut-on s’adresser? À qui doit-on parler? Qui sont nos alliés?

 

Déterminer sa tactique : Il faut choisir des moyens, des outils, compris dans un répertoire d’actions, permettant de mettre en application la stratégie afin d’atteindre un objectif. Quels sont les meilleurs moyens communicationnels pour atteindre nos objectifs stratégiques?

 

En somme, la communication est incontournable dans toutes les organisations. Mais il faut savoir pourquoi, quand et auprès de qui il est judicieux de communiquer.