Par Danielle Papillon et Audrey Rodrigue, AÉMFQ

 

Dans le cadre de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, il nous est apparu important de faire à tour de rôle quelques témoignages. Dans un service de garde en milieu familial se trouvent souvent des relations chaleureuses qui créent des liens très étroits. Cela entraîne plusieurs situations particulières que nous aimerions rendre publiques, car elles démontrent une chose et son contraire

 

Un protocole de traitement des plaintes inéquitable
Lors d’une plainte reçue par la DPJ, et dont l’éducatrice en milieu familial est l’objet, le service de garde est immédiatement fermé. Le principe est d’éliminer le risque, avant même toute enquête. Les parents utilisateurs sont redirigés ou laissés à eux-mêmes sans délai, aucune considération n’étant accordée à la clientèle. De plus, l’éducatrice perd subitement tout salaire, qui est souvent le salaire principal de la maison. Comme le temps requis pour la durée de l’enquête n’est pas encadré, plusieurs mois peuvent passer avant d’aboutir à une conclusion, et ce, même dans le cas d’une plainte non fondée. 

 

Cette procédure est irrespectueuse de la nature de ce type de service de garde. Il ne s’agit pas d’une éducatrice ou d’un professeur qu’on renvoie à la maison, tout en étant rémunéré, pendant toute la période de l’enquête. Par conséquent, une famille entière subit souvent les dommages. Donc, pour toutes les éducatrices en milieu familial, la DPJ devient un risque énorme pour sa famille et sa petite entreprise de services. Notez que même si la plainte n’est pas retenue, elle reste tout de même consignée de manière permanente, telle une épée de Damoclès!

 

Le faux signalement
Le faux signalement est un problème sérieux et demeure un outil de pression non négligeable de « vengeance ». Trop de plaintes sont déposées sous le coup de l’émotion et de la colère. Des insatisfactions administratives ou éducatives deviennent facilement transposables en plaintes déposées à la DPJ. J’ai vu des plaintes faites pour une comptine déformée ou pour un stationnement non autorisé utilisé, soit des situations où aucun enfant n’est en danger, mais qui expriment plutôt un différend entre adultes. Une éducatrice qui fait face à une plainte à la DPJ se voit étiquetée, marquée au fer rouge par sa communauté! Une situation de laquelle il est difficile de se défaire quand l’expression « pas de fumée, sans feu » prend racine.