Par Danielle Papillon et Audrey Rodrigue, AÉMFQ

 

Je partage avec vous une autre situation vécue. Un parent de mon service de garde en processus d’adoption d’un enfant confié à la DPJ devait, selon le protocole, maintenir les contacts avec la famille biologique. L’enfant avait malheureusement quelques problèmes de santé et de comportement liés à sa situation personnelle. Dans mon service, cela se traduisait par une grande insécurité. L’enfant devait chaque jour vérifier si tout était présent et si tout allait être là pour combler ses besoins, par exemple ouvrir le frigo pour s’assurer qu’il y avait de la nourriture. Une inspection en règle tous les matins.

 

La DPJ venait chercher l’enfant dans mon service pour organiser le contact avec la famille biologique. À son retour de visite, l’enfant recommençait l’inspection complète des lieux. L’effort d’accompagnement pour cet enfant était titanesque et répétitif. À titre d’éducatrice, j’ai dû faire preuve de fermeté devant la DPJ et d’énormément de professionnalisme. D’un côté, je devais préserver l’intégrité de mon service de garde en assurant le bien-être de tous les enfants le fréquentant et la stabilité du groupe. De l’autre côté, j’avais à cœur le bien de cet enfant inquiet. Mon expérience professionnelle démontrait nettement que les contacts avec la famille biologique nuisaient à son bien-être. L’instabilité vécue ainsi que les contrecoups de ces contacts auraient dû être pris en compte, davantage que le respect d’un protocole administratif sans âme. Je cherchais à amener l’enfant à son plein potentiel, et le protocole de la DPJ retardait ce cheminement. Un jour, plutôt que de poursuivre les efforts pour qu’on travaille dans le même sens, la DPJ a coupé les liens avec mon service de garde. 

 

Dans une autre situation, la collaboration fut tout autre. J’ai été plongée au cœur d’une bataille pour la garde d’un enfant. La DPJ m’a demandé de faire l’observation comportementale d’un enfant objet d’un litige. N’est-ce pas triste de voir un enfant en pareille situation? Quoi qu’il en soit, la confiance qu’un des parents avait envers moi m’a permis de prendre part à la démarche. Mon seul et unique engagement a toujours été lié au « bien de l’enfant ». J’ai eu l’occasion de discuter avec les intervenantes de la DPJ de ma lecture de la situation. J’ai pu témoigner de la qualité des deux parents, mais que l’un d’eux était plus aliénant. J’ai dénoncé la propension qu’avait le parent en question à « mettre des mots dans la bouche » de l’enfant pour servir ses intentions. 

 

J’ai dû m’imposer, énoncer mes observations, me battre pour l’intérêt de l’enfant. Cette fois-là, j’ai eu le bonheur d’être entendue et prise en considération. Ma contribution a été positive. L’appareil administratif de la DPJ devrait être beaucoup plus souple et sensible à la notion du « cas par cas ». Les enfants sont tous uniques; une seule procédure ne peut convenir uniformément.