Par Françoise Roy, consultante en prévention du suicide et développement de compétences, en collaboration avec l’Association québécoise de prévention du suicide

 

L’arrivée de la pandémie de la COVID-19 a bouleversé nos vies de façon importante. Nous devons nous adapter de manière rapide et exceptionnelle à un phénomène plutôt abstrait (durée, conséquences à moyen et long termes, etc.). Voici quelques conseils pour favoriser notre capacité d’adaptation et notre bien-être.

 

Répercussions possibles

Des répercussions dans différentes sphères de notre vie :

Personnelle : Isolement, confinement, perte de liberté, inquiétudes pour nous-mêmes et notre famille, nécessité de nous occuper de nos proches, changements dans la routine, privation de contacts directs avec la famille et les amis, diminution d’accès aux services de soutien (intervenant, groupe de soutien), etc.

Professionnelle et économique : Perte d’emploi, réduction de revenus, incertitude quant à la survie des entreprises, modification des conditions de travail, télétravail dans une situation qui n’est pas idéale (garde des enfants, espace de travail peu ergonomique, changements dans les relations, non-accès au lieu de travail qui permettait à certains de sortir d’un milieu de vie difficile ou conflictuel).

Cet événement extraordinaire sollicite la capacité d’adaptation de chacun alors que l’accès aux stratégies habituelles est plus limité. Certains avaient coutume d’aller au gym et d’autres, d’assister à un cours, de voir des amis, d’aller courir en groupe, de sortir au restaurant ou ailleurs, etc.

Ces circonstances peuvent avoir des répercussions sur les plans physique et psychologique, comme une augmentation du stress, de la détresse ou des idées suicidaires. 

Rappelons que le stress est une réaction normale qui peut être utile. Il incite entre autres à suivre les consignes et à nous protéger pour éviter de nous mettre en danger ou d’y exposer quelqu’un d’autre. Toutefois, certaines personnes peuvent être plus préoccupées, notamment en raison de ce qu’elles vivaient avant la pandémie (deuil, relations difficiles, perte d’emploi, problèmes de santé mentale, etc.). Selon la façon dont chacun vit la situation, les conséquences réelles ou perçues de cet événement sur notre vie peuvent conduire à de la détresse ou à une moindre capacité de nous adapter au contexte actuel.

 

Stratégies pour faire face à la situation

Sur le plan cognitif (les pensées) :

  • Nous rappeler les croyances, valeurs, talents ou personnes qui nous ont aidés dans le passé à traverser des moments difficiles, à relever un défi, à réaliser nos rêves, etc.
  • Être indulgent envers nous-mêmes et les autres concernant les réactions à cette épreuve : il n’y a pas de bonnes ni de mauvaises manières d’y réagir.
  • Nous montrer compréhensifs par rapport à la notion de performance : par exemple, habituellement, nous n’avons pas à travailler et, en même temps, à prendre soin des enfants, à faire des courses pour les proches ou à nous inquiéter pour leur sécurité. 
  • Même si nous ne connaissons pas la durée et les caractéristiques détaillées de la pandémie, rappelons-nous que c’est temporaire.

Sur le plan affectif :

  • Nous isoler physiquement plutôt que socialement : dans cette épreuve, garder contact avec nos proches demeure essentiel. Ce peut même être un moment propice pour recréer des liens avec des gens de l’entourage.
  • Communiquer avec nos collègues ou nos employés. Prendre de leurs nouvelles. Proposer des astuces pour mieux vivre le confinement et le déconfinement, faciliter le télétravail ou favoriser des pratiques de travail sécuritaires.
  • Voir comment nous pouvons aider : penser aux autres est bon pour le moral et pour le système immunitaire.

Sur le plan comportemental :

  • Faire de l’exercice physique à la maison (participer à des cours en ligne, danser, etc.) ou à l’extérieur, dans le respect des recommandations de santé publique.
  • Commencer la planification d’un nouveau projet : profiter de ce temps pour être créatif.
  • Nous découvrir et nous impressionner à travers cette épreuve : apprendre de nouvelles stratégies de communication, expérimenter un jeu, utiliser la technologie, etc.
  • Nous reposer plus fréquemment, boire de l’eau, limiter la consommation d’alcool ou de drogue, cuisiner des repas sains, etc.

 

Quand nous inquiéter pour nous ou pour une autre personne?

  • Si une augmentation des symptômes a une incidence sur le fonctionnement au quotidien.
  • Lorsque nous n’avons pas la capacité de nous occuper de nous ou de ceux vivant à notre domicile.
  • Si la détresse se transforme en crise de panique.
  • Quand nous vivons un découragement important par rapport à l’avenir et que nous avons l’impression de ne pas pouvoir passer au travers.
  • Lorsque l’irritabilité prend la forme de comportements violents ou agressifs envers les autres.
  • Quand la détresse crée ou augmente les idées de mort et de suicide.

 

De l’aide existe : aller en chercher est la meilleure chose à faire

Plusieurs ressources sont disponibles. Parler à quelqu’un de notre détresse apporte de nombreux bienfaits : nous prenons du recul par rapport à la situation, nous faisons part de nos inquiétudes à quelqu’un qui n’en vit pas les effets, nous nous reconnectons avec nos forces, nous trouvons des stratégies aidantes.

 

Si vous sentez des signes de détresse ou de profond découragement, ou encore si vous êtes inquiet pour un proche, communiquez avec les services suivants :

  • Ligne québécoise de prévention du suicide : 1 866 APPELLE (277-3553)
  • Centre de prévention du suicide de votre région :
  • aqps.info/besoin-aideurgente/
  • Centres de crise : centredecrise.ca
  • Info-Social : 811
  • Association québécoise de prévention du suicide :
  • aqps.info ou commentparlerdusuicide.com
  • Jeunesse, J’écoute : jeunessejecoute.ca
  • Tel-jeunes : teljeunes.com
  • Association des centres d’écoute du Québec : acetdq.org

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