Par Carole Simard

 

Au tout début, qu’est-ce qui vous intéressait dans la profession d’infi rmière ?
Être proche des gens, avoir la chance de les aider aux niveaux moral et physique. Partager avec eux le don de soi pour permettre d’être empathique en réponse à leur besoin. Ma volonté était de les aider positivement et de les écouter en toute simplicité. La volonté d’aider et de comprendre sans juger sont la base de cette profession.

Il faut comprendre leurs besoins et essayer de minimiser leur anxiété, il y a souvent plus que de faire un simple pansement. Ça fait 31 ans que j’exerce et j’aime encore cela !


Comment décrivez-vous votre expérience au fil des ans ?
Mon rôle s’est élargi avec le temps. Je le comprends plus, j’ai plus d’expérience et d’assurance. J’ai acquis de belles expériences aux niveaux personnel et social. C’est un privilège de pouvoir aider les gens au quotidien. L’expérience a consolidé mon souhait d’aider et a consolidé mon engagement professionnel.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus touchée au cours de votre carrière ?
La chance de pouvoir aider les gens, d’avoir contribué à leur procurer du réconfort. Être infirmière, ce n’est pas juste une profession. C’est aussi effectuer un cheminement personnel et diversifié par rapport à soi-même.

 

Vous êtes, par la force des choses, membre d’un ordre professionnel, pré-requis au droit de pratiquer. Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Pour une infirmière, l’ordre professionnel est vu comme un engagement éthique envers sa profession. Pour moi, cela se résume à mon code de conduite. L’éthique professionnelle est véhiculée par des valeurs s’appuyant sur l’honnêteté et la responsabilité dans nos fonctions comme infirmières. L’ordre voit à son respect et comme infirmières nous nous devons de faire partie de cette ordre, en payant notre licence annuellement. Si l’ordre suspend la licence, je ne peux plus travailler chez mon employeur. Les règles de l’engagement individuel de chaque membre par rapport à son employeur sont basées sur le code d’éthique. Celui-ci pourrait porter plainte à l’ordre, et si la faute professionnelle est démontrée, une suspension serait donnée par l’Association. Il y aurait donc automatiquement une suspension du lieu de travail. En plus, concrètement, nous avons une assurance professionnelle. L’ordre organise des colloques et des formations. L’ordre peut également reconnaître la contribution particulière d’un membre à sa profession.

 

Est-ce que vous adhéreriez volontairement à un ordre professionnel ?
Au début, je ne comprenais pas très bien le pourquoi ! Mon expérience me dit maintenant que c’est important de faire partie de l’ordre, car il contribue à la valeur sociale qui m’est donnée par ma profession. La réputation de ma profession est protégée par mon ordre professionnel, elle me vaut la reconnaissance du public. Le public nous fait confiance et l’ordre veille à ce que nous soyons dignes de ce respect.

 

Travaillant dans un hôpital, vous êtes également syndiquée. Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Le syndicat va négocier des conditions de travail selon les échelles nationales. Le syndicat peut aussi aider les infirmières dans la résolution de problèmes quotidiens dans les opérations courantes avec l’employeur. Par mon syndicat je m’assure d’une uniformité des droits des travailleurs.

 

Vous avez décidé de plus vous impliquer dans votre syndicat à titre de déléguée. Quel était votre rôle précisément ?
Le jour où j’ai décidé de m’impliquer au niveau syndical, je passais à un autre niveau de contribution sociale. Je pouvais donc aider aussi mes consoeurs de travail. L’équité était pour moi très importante. Je me sentais « valorisée » par ce rôle. Je pouvais défendre des causes concrètes et aider à régler certaines injustices.

Mon rôle était celui de « responsable locale ». Je défendais les griefs de mes consoeurs devant l’employeur. J’ai adoré cette expérience. Ma contribution m’a apporté beaucoup d’assurance. J’étais fière de pouvoir contribuer à faire valoir les droits de chacun et j’ai apprécié le respect que j’ai reçu en retour, sans que cela soit par des gestes de reconnaissance retentissants. Je ne les attendais pas, mais mon sentiment d’accomplissement était en soi fort satisfaisant.

Aujourd’hui, je ne suis plus déléguée, car les structures se sont amplifiées et le côté impersonnel lié au grand nombre de syndiqués par groupe est pour moi moins gratifiant. Plus il y a de monde, plus la gestion devient difficile et lourde. La représentation se professionnalise et n’est plus un simple engagement à son monde à travers un quotidien bien connu.

 

Choisiriez-vous d’être syndiquée volontairement ?
Aujourd’hui, je suis contente d’être syndiquée. Mon syndicat est le gardien de mes droits et de mes intérêts. Il négocie les inconvénients subis dans ma profession. Mon syndicat veille au grain autant que mon ordre professionnel est le gardien de la profession et de son cadre de qualité. Ce sont deux organisations complémentaires dont j’ai besoin !

 

Si vous aviez à accompagner un nouveau groupe de professionnelles dans leur profession versus syndicalisation et association, qu’auriez-vous le goût de leur transmettre comme message ?
Il faut axer ses efforts sur les réalités quotidiennes. La grande recette : la « solidarité », la « patience », la « générosité ». Qu’estce qu’on veut comme cadre de référence ? Qu’est-ce qu’on doit apporter pour bâtir un projet de ralliement collectif ? Qu’estce qu’on aimerait partager ensemble pour obtenir un engagement professionnel qui soit satisfaisant ? Se souvenir que chaque demande est avant tout dans le but de réunir ensemble le vécu collectif qui fait en sorte d’améliorer nos conditions de travail pour le meilleur de chacun des travailleurs. Ce que l’on veut et ce que l’on demande est toujours dans l’intérêt de l’ensemble des travailleurs et non pas une démarche individuelle.