Rencontre avec Martin Munger, directeur général

 

Pourriez-vous nous présenter les Banques alimentaires du Québec?

Nous sommes un regroupement de banques alimentaires régionales. Nous avons 32 membres qui redistribuent des denrées à 1200 organismes locaux qui desservent la population. Les Banques alimentaires du Québec sont à la tête du réseau et travaillent à l’agglomération des ressources et au partage de celles-ci à travers la province. Notre mission est de vaincre l’insécurité alimentaire.

 

Quels sont les différents volets de vos activités?

Avant, la distribution alimentaire se composait exclusivement de denrées sèches, non périssables : riz, pâtes, cannage, etc. Nos membres nous ont signifié les besoins en produits frais, et le réseau a évolué. Aujourd’hui, nous avons plusieurs initiatives qui nous permettent de répondre aux différents besoins partout au Québec.

  1. Système national de partage : grande quantité de denrées non périssables recueillies et redistribuées. C’est notre mode d’approvisionnement traditionnel et il reste au cœur de nos actions.
  2. Nous avons aussi un volet philanthropique qui vise à amasser des fonds. Le tout dans le but de redistribuer les sommes à nos membres et d’acheter des denrées.
  3. Nous avons aussi quelques programmes avec nos partenaires : le programme des Chasseurs généreux, qui apporte des viandes issues de la chasse, Récolte-Don, où des producteurs remettent une partie de leur récolte et Bonduelle les met en conserves, etc. Ces programmes viennent compléter l’offre de service. Vous pouvez les découvrir sur notre site.
  4. En 2016, nous avons lancé le programme de récupération en supermarché (PRS) pour les produits frais : la viande, le fromage, les fruits et légumes, etc. C’est une logistique complètement différente; les actions sont plus locales. Nos membres s’approvisionnent auprès des épiceries et récupèrent des produits propres à la consommation, mais dont la date de péremption approche.

 

Qu’est-ce qui motive toute cette transformation?

L’innovation chez nous se trouve beaucoup du côté de la transformation. À présent, nous devons cuisiner les produits et faire la gestion de produits réfrigérés. Il faut aussi trier les produits entrants. C’est une évolution importante dans le réseau.

Nous travaillons à réduire au minimum les pertes alimentaires pour servir le plus d’usagés possible. Exemples : une viande crue sera cuite et congelée pour permettre sa distribution dans les jours suivants; un poivron un peu flétri sera très bon dans une recette ou déshydraté. Nous sommes un peu dans un mode d’économie circulaire. Pour nous, c’est un mode d’approvisionnement. La transformation nous permet de maximiser les quantités disponibles à la distribution.

 

Pourquoi est-il si important de maximiser la quantité de denrées?

Au début de la pandémie, nous avons connu une augmentation de la demande de 30 à 50 %. En mars 2020, le premier ministre a encouragé les gens à faire appel à nous, mais aussi à donner. Ça a généré beaucoup d’appels et aussi une grande générosité. Les dons d’individus sur le site Web ont été multipliés, et les entreprises ont donné de façon importante. On peut penser à des producteurs de poulets qui fournissaient des restaurants et qui avaient soudainement de la volaille à donner.

Par la suite, nous avons aussi vécu l’impact d’une inflation importante. Ici aussi, ça a généré une augmentation de la demande. Avec l’effet combiné de la pandémie et de l’inflation, nous estimons que nous aurions 50 à 60 % de plus d’usagers qu’en 2019.

 

On parle du changement de visage de la vulnérabilité alimentaire. Pourriez-vous nous en parler?

Une fois par an, nous recueillons des données à la source auprès de nos partenaires pour brosser un portrait fidèle des besoins en aide alimentaire dans la province et nous produisons le Bilan-Faim. Effectivement, en 2021, nous notions que le profil des usagers changeait.

Les personnes âgées, les gens seuls et les familles monoparentales restent les groupes principaux desservis par les distributions alimentaires. Cependant, une nouvelle observation s’est installée selon laquelle beaucoup de travailleurs et travailleuses ont maintenant recours aux services. Ce n’est pas la majorité de la clientèle, mais l’augmentation d’affluence de ce groupe (40 %) est inquiétante parce que le réseau des Banques alimentaires du Québec n’a pas été développé pour servir une si large portion de la population. C’est une ressource d’appui. Ici, nous avons des gens qui ont besoin d’aide pour nourrir leur famille, et ce, malgré leurs revenus d’emploi. Leur situation est récurrente tous les mois. À ce moment-là, le problème n’est plus l’insécurité alimentaire, mais de la pauvreté. Ce sont les gouvernements qui ont les moyens de contrer ces enjeux, pas notre réseau.

 

Comment voyez-vous l’évolution des services avec les conjonctures actuelles? Le tout semble un peu hors de contrôle.

Effectivement, la pauvreté, l’inflation et la pandémie sont des facteurs externes, et nous n’avons pas beaucoup de contrôle sur la situation. De notre côté, les membres du réseau vont continuer à travailler pour aller chercher des denrées et des fonds pour aider plus de gens. Il est certain que des mesures gouvernementales seront primordiales pour contrer l’impact de l’inflation au sein de notre organisme. Plus d’appui pour améliorer nos infrastructures en vue de gagner en efficacité sera nécessaire.

 

Quels sont vos projets à venir?

En ce moment, nous travaillons pour développer notre capacité philanthropique et nos ententes de distribution spéciales auprès des producteurs. Non seulement pour enrailler le gaspillage, mais vraiment pour avoir des productions qui sont destinées aux programmes de distribution alimentaire partout au Québec.

 

Avez-vous des ressources à conseiller pour trouver une aide alimentaire?

Nous vous invitons à visiter notre site Web pour consulter le répertoire des membres et trouver les services de votre secteur. Vous pouvez aussi appeler la ligne 211 pour être dirigé vers les organismes qui peuvent vous venir en aide, et pas seulement pour les besoins alimentaires. 

 


Pour plus d'information :

555, boul. Roland-Therrien bureau 230
Longueuil ( Québec)  J4H 3Y9
1 877 478-4040 |
info@banquesalimentaires.org

banquesalimentaires.org