Par Anne D. Mc Donald, rédactrice en chef

 

Cet été, mon petit voisin m’a dit qu’il s’en allait travailler. J’étais surprise, car il a 13 ans. Pourtant, il m’a expliqué qu’il s’était trouvé un travail chez Canac. C’est la même histoire pour plusieurs jeunes de mon quartier; les rues n’ont jamais été aussi tranquilles… Plus de jeunes qui jouent dans la rue : ils ont tous de petits emplois d’été.

Je suis partie à la rencontre des parents pour recueillir leurs commentaires. En voici quelques-uns ainsi que des pistes de réflexion qui pourront peut-être guider votre discussion avec votre jeune de 13 ans qui veut travailler.

 

1. Comment régler les défis logistiques?

Effectivement, il faut penser au transport. Si l’autobus, la marche ou le vélo sont assez faciles à préconiser en été, qu’arrive-t-il à l’automne quand la météo est plus froide et pluvieuse? Est-ce qu’il s’agit d’un nouveau contrat pour le taxi familial? Quels horaires faut-il concilier et comment pourra-t-on s’organiser?

 

2. Et l’école dans tout ça?

Une maman me dit : « J’aimerais qu’il place l’école avant les sous. » Est-ce que commencer à travailler pourrait le démotiver rapidement de l’école? Elle poursuit : « Ma fille a déjà de la difficulté à l’école. Un emploi, c’est encore une autre chose à penser pour elle. J’ai peur pour ses études. » Effectivement, les tentations du marché de l’emploi peuvent pousser au décrochage scolaire. C’est pourquoi l’encadrement des jeunes est essentiel. Certains parents mettront des conditions. L’emploi de l’ado devient alors une récompense liée à la réussite scolaire.

 

3. Qu’en est-il de la sécurité au travail?

Il faut garder en tête que ce ne sont pas tous les milieux de travail qui sont adaptés pour recevoir des employés mineurs de 13 ans. Pour les parents, ça peut être un stress supplémentaire. Est-ce que mon enfant sera bien encadré au travail? Est-ce qu’il rencontrera des collègues qui pourraient avoir une mauvaise influence? Est-ce que ce sera un environnement positif et stimulant? Il faut évaluer la situation.

 

4. Comprend-il le coût de renonciation?

Quand on est jeune, on veut tout faire. Pourtant, allouer du temps à une nouvelle activité comme un emploi peut réduire le temps à accorder à d’autres activités. À quoi faudra-t-il dire non parce que l’on travaille? C’est le concept du coût de renonciation. Est-ce qu’il faudra manquer des pratiques de sport, des événements familiaux ou des sorties entre amis? On ne peut pas tout faire. Il faut aussi accepter ça quand on commence un emploi.

Conclusion, certains parents ne souhaitaient pas permettre à leur jeune de travailler : « À 13 ans, ce n’est pas le temps de travailler, mais de jouer et d’aller à l’école! Et, finalement, c’est comme encore une autre responsabilité pour les parents. » Mais pourquoi dire oui?

 

Ne pas vouloir être le parent qui dit non

Il y a beaucoup de pression sur les parents pour accepter l’entrée des jeunes sur le marché du travail, et c’est parce qu’eux-mêmes le souhaitent tellement. Ils veulent avoir des sous pour faire des activités avec leurs amis, magasiner et économiser (la réponse de mon petit voisin)! Alors, pourquoi dire oui? Il y a quand même des points positifs. Outre l’expérience, ils pourront apprendre ce qu’est un travail, ils seront occupés et ils gagneront un petit salaire en même temps.

Bref, la solution est différente pour chaque parent. Tous les jeunes sont différents et il faut bien évaluer les options avec eux. Rédiger un CV et une lettre de motivation peut être une bonne première étape à entreprendre avec eux pour comprendre leurs motivations et discuter de vos inquiétudes.