Par Nathalie D’Amours

 

Lors du 10e symposium québécois de recherche sur la famille tenu par le Conseil de déve-loppement de la recherche sur la famille du Québec, plusieurs intervenants ont participé à un questionnement primordial qui consistait en ceci : Que signifie la réussite éducative et qui en sont les acteurs ?

En conférence d’ouverture, Mme Céline Saint-Pierre, sociologue, ex-présidente du Conseil supérieur de l’éducation et membre de la Commission des États généraux sur l’éducation, nous a parlé tout particulièrement du rôle et de la place de l’école. Elle nous a partagé ceci :

  • Le rôle de l’école est d’instruire, sociabiliser et qualifier. L’école doit pouvoir proposer « des curriculum riches et équilibrés permettant d’acquérir les savoirs essentiels, et ce, à tous les ordres d’enseignement.
  • Il est donc demandé à l’école de prendre en compte les multiples dimensions de l’hétérogénéité des populations scolaires et de leurs besoins, et d’adopter les approches pédagogiques et une organisation de l’espace scolaire qui soient les plus aptes à rétablir une certaine égalité des chances dans la réussite du plus grand nombre.
  • Plusieurs transformations ont marqué le système dans son ensemble :
    • Une plus grande accessibilité à l’école primaire et secondaire et la progression à l’enseignement supérieur ;
    • La déconfessionnalisation progressive de l’enseignement. Par contre cela laisse ouverte toute la question de la responsabilité de l’école en matière d’éducation aux valeurs ;
    • L’atteinte de l’égalité des chances en éducation.
  • Ce qui a conduit à une recommandation de la Commission des États généraux sur la nécessité d’étendre les services éducatifs aux jeunes enfants de quatre et cinq ans, et de mettre en place des programmes d’intervention précoce pour les enfants des milieux défavorisés. Résultat : 98 % des enfants de cinq ans à la maternelle, des prématernelles de quatre ans pour les milieux défavorisés et des services de garde à coûts réduits grâce à des subventions de l’État.


Il faut cependant se préoccuper de la qualité des services éducatifs offerts dans ces établissements et examiner leur impact sur l’égalisation des
chances en termes de réussite scolaire et de socialisation de ces enfants qui fréquenteront plus tard l’école primaire et secondaire.

À la lumière de ce texte, je me suis rappelé mon expérience au sein d’un comité d’école dans la région de Québec. Ma fille commençait sa première année de primaire. À titre de membres du comité d’école, nous avions à adopter le montant des frais pour les sorties scolaires. Je me rappelle avoir demandé, mais pourquoi devons-nous inclure une sortie à la cabane à sucre ? L’école m’avait répondu ainsi : c’est maintenant notre rôle de sortir les enfants à la cabane à sucre, au musée, au cinéma, etc., car les parents ne le font plus. Nous étions en 1996 ! Et je me rappelle très bien à quel point avoir été offensée !

Nous pourrions donc à notre tour nous questionner sur le rôle réel que nous, parents, accordons à l’école et, au préalable, au service de garde éducatif. L’objectif « égalisation des chances » apporte des tangentes qui suscitent des réflexions ? Jusqu’à quel point les institutions doivent-elles prendre la responsabilité de l’éducation de nos enfants ? Instruire et qualifier très certainement. Mais à quel point le rôle de « sociabiliser » doit-il leur être confié ? À quel point la notion des valeurs doit-elle être de leur responsabilité ?

En tant que parents, avons-nous été dans le processus décisionnel des nouvelles orientations, ou sommes-nous assez présents dans les sphères de réflexion ? Aurons-nous bientôt un mode d’emploi ? Voilà des questions qui méritent certaines réflexions…