Par Paula-Ève Roy-Pelletier, Agente de programmation, de planification et de recherche, Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale

 

La plupart des personnes vieillissantes participent activement à la société. Cette contribution se réalise de diverses façons, qui incluent, pour une grande proportion d’entre elles, le travail. En outre, tout en étant retraitées ou en vivant avec des limitations, elles sont actives. En plus du travail rémunéré, selon Raymond (2008), la participation sociale se présente comme un spectre de possibilités allant de simples interactions sociales d’un à un, jusqu’à une implication sociopolitique et à la militance. C’est à ce bout du spectre que se trouve la participation citoyenne, qui signifie que les personnes prennent part aux débats publics et s’impliquent pour influencer les décisions politiques. Toutes les formes de participation ont une grande valeur et enrichissent la société. Malgré les bienfaits de la participation sociale pour les personnes aînées elles-mêmes et pour les communautés, il semblerait que l’âgisme soit encore fortement vécu et qu’il y ait plusieurs barrières empêchant les personnes aînées de se réaliser pleinement. Selon l’OMS, l’une des façons de les surmonter est de lutter contre l’âgisme. Or, l’une des stratégies les plus prometteuses à cet égard est l’action intergénérationnelle.

Une action intergénérationnelle est une initiative ou une activité qui encourage la collaboration, l’interaction et l’échange entre différentes générations, en particulier entre les personnes aînées et les jeunes. L’objectif principal de ces actions est de favoriser les relations positives entre les générations et de tirer parti des avantages que chacune peut apporter à l’autre. Les actions intergénérationnelles, qui favorisent la collaboration et l’interaction entre les différentes générations, jouent un rôle essentiel dans la vie des personnes aînées. Ces initiatives, qu’elles prennent la forme de programmes, de projets communautaires ou d’activités sociales, ont de nombreux bienfaits pour les personnes aînées, pour les jeunes et pour la société dans son ensemble.

Il est de plus en plus documenté que les actions intergénérationnelles profitent aux personnes aînées et aux jeunes sur plusieurs plans, et de là, à toute la communauté. Elles :

  • stimulent leur participation sociale, leur permettent de vivre des occasions de connexion à leur communauté et de renforcer leur sentiment d’appartenance à celle-ci;
  • peuvent contribuer à briser leur isolement et leur solitude, qui ont des impacts négatifs sur la santé mentale, cognitive et physique;
  • favorisent l’échange des compétences et des connaissances;
  • contribuent à briser les stéréotypes liés à l’âge (les jeunes envers les plus âgés, mais également les plus âgés envers les jeunes);
  • renforcent le sentiment d’utilité et l’estime de soi.

Plusieurs types d’activités s’y prêtent et produisent simultanément plusieurs de ces bienfaits. Que ce soit par des dialogues (ex. : récits de l’expérience de vie des uns et des autres), des activités bénévoles (ex. : loisirs, aide aux devoirs) ou des projets communautaires (ex. : métiers d’art, valorisation du patrimoine, cuisine), de l’implication politique, de l’entraide au travail (ex. : mentorat) ou dans la vie de tous les jours (ex. : formation sur les technologies numériques, cohabitation), etc., chacun et chacune peut y trouver son compte. Plusieurs acteurs des réseaux publics et communautaires, comme dans le secteur privé, ont des leviers pour favoriser des interactions positives entre les générations, en valorisant chaque groupe d’âge pour ses contributions et en créant les conditions favorables pour que ces interactions puissent s’établir. Les personnes aînées ne sont pas simplement des bénéficiaires de soins de santé, mais des membres actifs et précieux qui contribuent à faire des populations plus fortes, solidaires et respectueuses, de même qu’à une plus grande cohésion sociale.

En somme, les actions intergénérationnelles sont un moyen puissant permettant d’améliorer la qualité de vie des personnes aînées et des jeunes. Elles contribuent à venir à bout des stéréotypes et des préjugés entourant l’âge, à valoriser leur contribution respective et à encourager leur participation sociale. Il est essentiel de soutenir et de promouvoir les initiatives favorisant les activités intergénérationnelles afin de créer des communautés plus fortes, plus solidaires et plus harmonieuses, dans lesquelles les personnes aînées jouent un rôle actif et valorisé.

 

Sources

Burnes, D., et autres (2019). « Interventions to reduce ageism against older adults: A systematic review and meta-analysis », American Journal of Public Health, vol. 109, no 8, e1-e9.

DeBroux Leduc, R., et autres (2020). « Les activités intergénérationnelles en tant que stratégie de promotion de la santé des aînés : une étude de la portée », Revue francophone de recherche en ergothérapie, vol. 6, no 2, p. 33-73.

Krzeczkowska, A., et autres (2021). « A systematic review of the impacts of intergenerational engagement on older adults’ cognitive, social, and health outcomes », Ageing Research Reviews. doi : 10.1016/j.arr.2021.101400.

Raymond, É., et autres (2008). La participation sociale des aînés dans une perspective de vieillissement en santé : réflexion critique appuyée sur une analyse documentaire. Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale, Institut national de santé publique du Québec, Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec et Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés de l’Université Laval, 111 p.

Raymond, É., et A. Grenier (2016). « La participation sociale des aînés ayant des incapacités : un photoroman pour passer de la marge à l’inclusion », Service social, vol. 62, no 2, p. 131-149. https://doi.org/10.7202/1038581ar.

 


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