Par Isabelle Cloutier, chargée de projet et formatrice pour le programme ASDR, Association canadienne pour la santé mentale, filiale de Montréal

 

Les êtres humains sont fondamentale­ment des êtres sociaux. Du berceau au dernier souffle, la présence de l’autre est capitale pour un bon développement socioaffectif de l’être. Pour les personnes âgées de 55 ans et plus, y compris celles qui sont nouvellement retraitées, maintenir et créer du lien peut impliquer bon nombre de défis, entre autres lorsque l’isolement social est de la partie. Les relations sociales positives sont pourtant un facteur de protection en santé mentale majeur, d’où l’importance de les cultiver et d’en prendre soin.

 

Retraite et vieillissement : la ronde des adaptations

Le tournant de la cinquantaine et le passage à la retraite, riches en changements, peuvent être des moments déstabilisants pour bon nombre de personnes. Alors que plusieurs transitions accompagnent le processus de vieillissement, toutes ces personnes sont appelées, d’une manière ou d’une autre, à développer des façons d’y faire face. Or, pour celles qui vivent seules et qui ne reçoivent que peu de soutien de la part de leur entourage, les changements caractéristiques du vieillissement (physiologiques, cognitifs, etc.) peuvent être plus difficiles à apprivoiser. Au début de la retraite, une abondance de temps disponible peut mener tantôt à un engagement dans de multiples activités et à un manque de repos, tantôt à un désengagement et à de l’ennui, faute de réseau social et de loisirs. Comment éviter l’isolement et cultiver son réseau social après un retrait du marché du travail? Comment trouver l’équilibre entre solitude et socialisation? Comment accueillir et transformer les moments de solitude afin de mieux les vivre? Il s’agit là de questions déterminantes pour les personnes vieillissantes.

Chaque personne peut agir sur divers facteurs influençant son état de santé mentale, notamment ses perceptions et attitudes à l’égard du vieillissement. Au Québec, où l’isolement social des personnes âgées est devenu un enjeu crucial, comme en témoigne notamment la politique Vieillir et vivre ensemble, chez soi, dans sa communauté, au Québec (Gouvernement du Québec, 2012), vieillir implique de réfléchir à ses liens, à ce qui nous distingue des autres et à ce qui nous y rattache. Comment développer nos amitiés et cultiver des liens sociaux alors que, depuis belle lurette, nous n’avons pas eu à nous en soucier? Quels sont les loisirs et les actions bénévoles auxquels nous souhaitons nous adonner et comment passer à l’action dans ce domaine? Cela peut paraître simple, mais passer à l’action demande de réfléchir à nos attentes, d’établir des priorités et d’avoir un plan d’action en vue de résultats concrets. Ces questionnements sont au cœur du programme Apprivoiser sa solitude et développer son réseau (ASDR).

 

Le programme Apprivoiser sa solitude, développer son réseau : réflexion et action

En 2013, l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), filiale de Montréal, lançait le programme ASDR afin de permettre aux personnes de 55 ans et plus de démystifier la solitude, de s’informer et de passer à l’action à différents niveaux. Se déployant sur six semaines, les ateliers ASDR ont été conçus pour permettre aux personnes participantes de donner plus de sens à leur vie, de comprendre et de positiver leur solitude tout en développant peu à peu autour d’elles un réseau social, un filet de sécurité contribuant au maintien d’une bonne santé mentale. À l’issue des ateliers, les personnes participantes sont invitées à explorer des thèmes tels que les préjugés liés à l’âge et les perceptions du vieillissement au sein de notre société. Dans ce contexte, l’accueil des émotions est également capital. La tristesse, l’anxiété et le sentiment d’exclusion font partie de la mosaïque de l’être humain à tout âge. Identifier et nommer ce qui se passe en soi facilite la régulation émotionnelle et l’exploration de solutions. Les personnes qui suivent le programme ASDR prennent le temps de réfléchir et de plonger en elles-mêmes, d’entrer intentionnellement en contact avec d’autres et de constater qu’elles ont plusieurs choses en commun. Les échanges sont riches et favorisent l’inspiration mutuelle. Le formateur ou la formatrice offre également des rétroactions, en plus d’encourager une bonne dynamique de groupe.

La série de six ateliers ASDR est disponible gratuitement par le biais des associations et organisations de la région de Montréal et de ses environs (centres d’action bénévole, centres communautaires pour aînés, centres de femmes, habitations pour aînés, municipalités, organisations ayant pour membres et clients des gens de 55 ans et plus). Chaque atelier dure 2 h 30 et mise sur diverses activités : discussions, jeux-questionnaires, capsules audiovisuelles, échanges en petits groupes, etc. Les personnes qui participent repartent également avec un exercice à faire à la maison. Elles peuvent dès lors aller plus en profondeur dans leur cheminement.

Pour de plus amples informations sur le programme, n’hésitez pas à communiquer avec l’ACSM, filiale de Montréal.

 

 


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