Par Corinne Dupré, journaliste

 

O-5 ans : Top départ de la course à l’écriture !
Ouf ! Les premières semaines de la rentrée sont passées et tout s’est bien déroulé. 980 656 enfants québécois ont repris il y a quelques semaines le chemin de l’école, et le rythme de l’année est enfin pris !

Les éducateurs et les enseignants des enfants âgés de 0 à 5 ans dévoilent leurs programmes axés pour une bonne part sur le développement moteur et psychomoteur, qui représente l’ensemble des acquisitions liées au mouvement, des premières postures (« je m’assoies ») aux gestes fins (« j’écris »).

Il est presque étourdissant d’imaginer le nombre d’aptitudes dont les tout-petits doivent faire l’acquisition avant d’être prêts pour le primaire. À ce sujet, selon Mme Caroline Bouchard, psychologue et professeure (en développement de l’enfant) à l’université Laval, la notion de développement serait, pour les professionnels et les parents, « une image ‘’casse-tête’’ dont les différentes dimensions sont des pièces à assembler pour former le tout qu’est l’enfant ».

En d’autres termes, la maîtrise du mouvement ou de toute autre compétence chez les tout-petits se fait par l’emboîtement de différentes acquisitions qui se complètent et qui s’allient (dimension globale). Toutes ces compétences nouvelles peuvent revêtir une importance majeure pour l’enfant. Le niveau de développement psychomoteur du tout-petit peut, en effet, fortement influencer son futur parcours scolaire (maîtrise de l’écriture à la base de la réussite : examens écrits). C’est pourquoi un grand nombre de parents sont particulièrement attentifs aux progrès de leur enfant à l’école, et ce, dès la garderie.

Préscolaire et motricité : « Silence, on apprend à notre rythme !!! »
S’ils pouvaient d’ores et déjà s’exprimer comme des adultes, la principale parole de nos tout-petits, concernant leurs apprentissages moteurs et autres, serait : « Papa, maman, pas de panique !!! J’apprends simplement à mon rythme ! ». La prise en compte de cette dimension est indispensable si les parents et les éducateurs veulent soutenir les enfants dans leur développement. L’apprentissage moteur, ou autres, est généralement plus efficace s’il est agréable pour les tout-petits, qui assimilent des compétences sans en avoir conscience et en s’amusant.

Plus spécifiquement, les capacités motrices des jeunes enfants sont souvent couplées à d’autres compétences. Ainsi, l’éveil à l’écriture, entre autres, peut se faire par le biais du langage et de la lecture, à la maison ou à l’école, dès le plus jeune âge, à l’aide de petites histoires racontées et issues d’albums jeunesse (alternant des textes et des images). Ces activités ont l’avantage d’accroître le vocabulaire de l’enfant et de lui permettre de résumer le récit qu’il vient d’entendre. Il s’agit d’un très bon exercice, qui permet de faire travailler la mémoire, faculté indispensable pour retenir les lettres et ainsi faciliter leur reproduction et l’accès à une motricité fine (écriture).

De plus, afin d’encourager une bonne transition entre les activités de la maison et de l’école, les parents et les éducateurs ou enseignants se doivent :

  • De s’assurer qu’en garderie ou en maternelle l’environnement socioaffectif de l’enfant soit stable, avec une bonne transition vers de nouveaux attachements (autres que ceux avec les parents). « S’ils sont soutenus par les parents, de bons rapports entre l’enfant et l’éducatrice peuvent être mis en place, dès les premiers jours de la rentrée, et ainsi faciliter les apprentissages de l’enfant qui est capable de mieux se concentrer sur ses activités lorsqu’il a le sentiment d’être dans un environnement sécurisé et soutenant. » (Nathalie Fréchette, professeure de psychologie au CEGEP Édouard-Montpetit, à Longueuil)
  • De mettre en place une collaboration chaleureuse entre les enseignants et les parents. Ces derniers doivent en effet se rappeler que leur enfant, une fois à l’école, est remis au soin d’une équipe entière (enseignant, psychologue, psychoéducateur, orthophoniste, etc.) qui travaille de concert, afin que les plus jeunes soient préparés à leur future entrée au primaire. Mme Cindy Magnan, titulaire d’une maîtrise en éducation et enseignante de maternelle, nous rappelle que « l’enseignant(e) de préscolaire a avant tout pour objectif de donner le goût d’apprendre aux enfants, afin de les préparer à la première année, et ce, tout en respectant les rythmes et les habiletés des tout-petits ».

L’apprentissage de la motricité en milieu éducatif prend en compte les différentes dimensions du développement du jeune enfant (physiologique ; neuronale ; affective ; cognitive ou intellectuelle ; langagière ; psychomotrice ou intentionnelle vs réflexe et socioaffective).

 

Petit planning de l’apprentissage psychomoteur de 0 à 5 ans :

  • Nouveau-né : le bébé ne contrôle pas ses muscles (ses mouvements sont saccadés et tendus) et les réflexes prédominent (de préhension, buccaux, de Moro, etc.)
  • 16 semaines environ : position assise.
  • 20 semaines à 40 semaines : position debout avec appui.
  • 11 mois à 15 mois : donne et lance les objets, mange seul.
  • 12 mois à 18 mois environ : marche.
  • 21 mois : sait marcher à reculons, court, monte et descend seul les escaliers.
  • 28 mois : sait tenir son crayon.
  • 3 ans à 3 ans ½ : s’habille seul, dessine (cercle, croix, bonhomme…), va sur le pot (contrôle sphinctérien).
  • 4 ans à 4 ans ½ : sait sauter sur un pied, reproduit des dessins.
  • 5 ans et 6 ans : reproduit des figures géométriques, sait écrire son nom, sait découper ou coller du papier (premiers gestes fins).

 

Quelques lectures :

  • Développement global de l’enfant jusqu’à 5 ans en contextes éducatifs, Caroline Bouchard, Étude (broché), 2008.
  • L’éducation motrice et psychomotrice au préscolaire et au primaire, Robert Rigal, Essai (broché), 2009.

 

Site Internet :

Conseillé pour aller plus loin et enrichir ses connaissances sur le développement de l’enfant
(créé et enrichi par Nathalie Fréchette et Paul Morissette)
www.ccdmd.qc.ca/ri/developpement