Par Mariane Sawan, maman, stratège web et assistante de recherche-doctorante, UQAM

 

Il est 8 heures du matin. Je vois les petites lumières de notre modem de connexion Internet qui clignotent et se hâtent : « Messages à livrer, données à transmettre, vidéos en streaming à télécharger… » comme les phares alarmés d’un ambulancier… Aucune sirène cependant… Silence total… C’est normal : j’ai deux adolescents à la maison (réveillés au lit, munis de leur « appareil intelligent »), et deux adolescents CYBERACTIFS et FIERS de l’être…

Cependant, gisant dans ma boîte de courriels, un article paru dans un récent (2012) numéro de la revue Thestar patiente et attend, lui aussi silencieux… mais aucun clignotement ni phare ni sirène.

Colombie Britannique : une adolescente se suicide, postant des photos en ligne, elle s’était engagée sans le savoir dans une série d’événements. Maintenant, elle est classée ex-déprimée, victime de cyberintimidation…

C’est étrange et vraiment révélateur comme on trouve toujours aussi facilement des noms et des classifications (est-ce une tentation de justification ?), « dépression », « victime d’intimidation », « histoire de viol », « autisme », « élèves avec difficultés d’apprentissage », « ADH », « AAXY », « déficience », « immigrants », « techsavvy »… Mais « IGNORANTS », ça existe aussi, non ?

Selon le Larousse1: Ignorant signifie « qui n’est pas au courant de quelque chose, qui n’a pas la connaissance d’une chose déterminée ».

Et je me demande : « Internet » et « Réseaux sociaux » sont-ils déjà « une chose déterminée » ? En a-t-on une connaissance suffisante ? N’est-ce pas un de nos DEVOIRS essentiels comme parents d’apprendre à nos enfants comment se servir d’un outil avant de le mettre à leur disposition (un couteau par exemple!) ? N’est-ce pas un de leurs DROITS fondamentaux de mieux CONNAÎTRE cet outil, d’APPRENDRE, de SAVOIR, de se PRÉPARER et de se MUNIR contre ses dangers et ses risques ? Or Internet, Skype, Youtube, réseaux sociaux et autres ne viennent pas avec un manuel d’utilisation! Nos enfants sont-ils prêts à affronter cette géante TOILE d’araignée (Internet, the WEB= la toile) et à faire bon usage de ces outils, sans être pris dans ses fils ? Selon des références professionnelles , ces jeunes, ceux que nous pensons EXPERTS d’Internet (techsavvy), dont nous sommes fiers, les Chopin du clavier numérique, ne le sont vraiment pas!

Et nous, parents, savons-nous vraiment ce qui se passe sur ces pages web qui défilent quotidiennement devant nos yeux (ou à notre insu), et sous les regards insou-ciants de nos enfants/adolescents ? Ces pages défilent et nous défient. « Chats », courriels, publicités, commentaires, invitations, vidéos, photos, secrets de vie privée, sourires, lèvres rouges, muscles gonflés, et j’en passe.

Je pense, chers amis et parents, qu’il est temps :

  1. 1. D’admettre notre IGNORANCE.
  2. 2. D’OSER demander de l’aide.
  3. 3. De nous réveiller et d’EXIGER que parents, écoles et ministères réveillent nos enfants et adolescents avant qu’il ne soit trop tard.
  4. 4. De raccourcir les longues discussions ministérielles, planifications, réunions, exigences, procédures administratives et paper work visant la mise en œuvre de politiques pertinentes, mesures ou autre action… Il est URGENT d’agir!
  5. 5. POSONS-nous la question : Si les administrateurs font déjà quelque chose, est-ce suffisant ? Et si la réponse est non, exigeons de notre direction et conseil d’établissement de l’école de FAIRE QUELQUE CHOSE et vite!
  6. 6. Visitons le site http://www.mels.gouv.qc.ca/violenceEcole/ et essayons d’agir ensemble.

« Neuf fois sur dix, un intimidateur a besoin de témoins, de spectateurs pour poser son geste. Or, si j’interviens deux fois sur trois, le geste cesse. Donc, il faut qu’on arrête d’être des témoins muets de l’intimidation ». Line Beauchamp, ex-ministre de l’Éducation

…Neuf fois sur dix, un intimidateur a besoin d’un ignorant…

Ressources :
1 Livre : La cyberintimidation : des conséquences sans fin : les paroles s’envolent, mais les photos et les écrits restent!
Par Marthe Saint-Laurent, Longueuil : Béliveau éditeur 2012
2 http://marianesawan.wordpress.com/